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Contexte

Changements climatiques et santé des forêts 
 
 
Les changements globaux accroissent, dans de nombreuses régions, la fréquence, l’intensité ou la durée des accidents climatiques (1, 2)*. Sécheresses, inondations, canicules, gelées et tempêtes, souvent combinés à des phénomènes de pollution atmosphérique ou d’inadéquation stationnelle, soumettent les forêts à des stress importants, se traduisant par un affaiblissement général des arbres et une sensibilité accrue aux attaques d’insectes ravageurs (3).  
 

 
 
 
 
 
Des observations d'attaques d'insectes du bois mort sur des arbres vivants ! 
 
 
Dans de nombreux pays (Canada, Japon, Belgique, Luxembourg,...), des pullulations massives d’insectes xylophages (mangeurs de bois) habituellement secondaires (Scolytines, Cérambycides et Platypodes) ont été récemment observées sur des arbres apparemment sains (4). Ces insectes s’attaquent généralement à des arbres physiologiquement affaiblis par un agent biotique (pathogène, insecte ravageur) et/ou abiotique (environnemental), à des arbres mourants, voire morts, à des grumes et des souches fraîches, ou à des portions limitées (blessures, branches mortes, …) d’arbres sains.  
 
Ceci soulève des questions relatives à un éventuel changement d'agressivité chez ces insectes et/ou à une augmentation de la vulnérabilité des arbres, ce qui représenterait dès lors une menace supplémentaire pour la santé des forêts. Un exemple récent est la vague d’attaques de différentes espèces de scolytes xylophages a priori secondaires sur des hêtres paraissant en bonne santé, dans les forêts d'Ardenne et de Gaume, au début des années 2000 (5, 6, 7, 8). 
 
 
 
Dépérissement soudain du hêtre en Wallonie 
 
 
Les faits
 
 
 
Les hêtraies wallonnes et limitrophes ont, au début des années 2000, connu un dépérissement, surprenant par son ampleur géographique, sa gravité et sa soudaineté. Des suintements de l’écorce et des nécroses (lésions des tissus) sont apparus sur les troncs, ainsi que des carpophores de champignons lignicoles, et des galeries de scolytes (Trypodendron spp., Xyleborus dispar) généralement secondaires et inféodés à des arbres fortement affaiblis ou morts. En tout, 1.3 millions de m³ de bois ont été touchés, soit 750.000 arbres, correspondant à 11es hêtres wallons, avec des conséquences économiques lourdes pour les régions touchées. Une partie de ces arbres a survécu, après cicatrisation des galeries. 
 
 
 
Carte de répartition de l'intensité des dommages observés  
lors de l'épisode de dépérissement du hêtre. 
Source : Nageleisen et Huart 2005 (8)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Source des images : http://www.interreg-buche.de/ 
Convention Interreg IIIA De Lux
 
 
 
 
Les causes ? 
 
 
Les causes de cet événement sont à ce jour assez hypothétiques. La possibilité qu’un coup de gel précoce en novembre 1998 ait frappé des arbres encore mal préparés à l’hiver est fortement appuyée par les observations météorologiques (brusque chute de température à la mi-novembre 1998) et symptomatologiques (corrélation des dommages avec l’altitude et l’exposition aux vents dominants, soudaineté, non spécificité du dépérissement, des dommages similaires ayant été signalés chez l’érable sycomore). 
 
L’explication la plus probable du phénomène est que les tissus nécrosés (blessés) suite au gel sur des zones parfois étendues mais parfois aussi très ponctuelles (microfissures) ont, par production d’éthanol (9), attiré les scolytes (insectes mangeurs de bois)(10), transportant avec eux de multiples spores de champignons lignicoles (décomposeurs du bois). Le succès d’installation de ces agents secondaires serait dû à l’abaissement général de la résistance des arbres. 
 
 
 
Principale espèce de scolyte impliquée dans le dépérissement soudain du hêtre en Ardenne, et galeries creusées par ces insectes. Source : www.invasive.org  
 
 
Des problèmes analogues sur le hêtre ayant déjà été signalés antérieurement (Ardennes dans les années 1940, Vosges dans les années 1980), l’on pourrait s’inquiéter d’une éventuelle réapparition de ce dépérissement dans les années à venir. 
 
 
HYPOTHESE DE TRAVAIL 
 
Des stress climatiques, en interférant avec la physiologie des arbres, peuvent induire une sensibilité de ceux-ci à l’égard d’insectes secondaires. Ces stress peuvent intervenir à la fois dans l’attractivité des arbres pour les insectes et dans leurs capacités de défense en réponse à l’attaque de ces derniers. 
 
 
 
*Note: les numéros dans le texte correspondent à des références bibliographiques données dans la rubrique "Bibliographie". 
  
(c) Sylvie La Spina - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 19.01.2012